Aller au contenu

Page:Dickens - David Copperfield, Hachette, 1894, tome 2.djvu/384

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

le sol était déjà parfumé de feuilles tombées, tandis que les autres nombreuses encore, avec leurs teintes nuancées du jaune, de rouge et de violet, toujours suspendues à leurs rameaux, laissaient briller le soleil au travers, j’arrive à Highgate. J’achevai la dernier mille à pied, songeant en chemin à ce que je devais faire, et laissant derrière moi la voiture qui m’avait suivi toute la nuit, en attendant que je lui fisse donner l’ordre d’avancer.

Lorsque j’arrivai devant la maison, je la revis telle que je l’avais quittée. Tous les stores étaient baissés, pas un signe de vie dans la petite cour pavée, avec sa galerie couverte qui conduisait à une porte depuis longtemps inutile. La vent s’était apaisé, tout était silencieux et immobile.

Je n’eus pas d’abord le courage de sonner à la porte ; et lorsque je m’y décidai, il me sembla que la sonnette morne, par son bruit lamentable, devait annoncer le triste message dont j’étais porteur. La petite servante vint m’ouvrir, et me regardant d’un air inquiet, tandis qu’elle me faisait passer devant elle, elle me dit :

« Pardon, monsieur, seriez-vous malade ?

— Non, c’est que j’ai été très-agité, et je suis fatigué.

— Est-ce qu’il y a quelque chose, monsieur ? Monsieur James ?

— Chut ! lui dis-je. Oui, il est arrivé quelque chose, que j’ai à annoncer à mistress Steerforth. Est-elle chez elle ? »

La jeune fille répondit d’un air inquiet que sa maîtresse sortait très-rarement à présent, même en voiture ; qu’elle gardait la chambre, et ne voyait personne, mais qu’elle me recevrait. Sa maîtresse était dans sa chambre, ajouta-t-elle, et miss Dartle était près d’elle. « Que voulez-vous que je monte leur dire de votre part ? »

Je lui recommandai de s’observer pour ne pas les effrayer, de remettre seulement ma carte et de dire que j’attendais en bas. Puis je m’arrêtai dans le salon, je pris un fauteuil. Le salon n’avait plus cet air animé qu’il avait autrefois, et les volets étaient à demi fermés. La harpe n’avait pas servi depuis bien longtemps. Le portrait de Steerforth, enfant, était là. À côté, le secrétaire où sa mère serrait les lettres de son fils. Les relisait-elle jamais ? les relirait-elle encore ?

La maison était si calme, que j’entendis dans l’escalier le pas léger de la petite servante. Elle venait me dire que mistress Steerforth était trop malade pour descendre ; mais, que