Page:Dickens - David Copperfield, Hachette, 1894, tome 2.djvu/439

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dans le bureau ; me composer je ne sais comment les meilleurs petits dîners, avec les éléments les plus ordinaires ; me faire des puddings et des pâtés, remettre chaque chose à sa place, toujours propre et soignée sur sa personne ; m’attendre le soir si tard que je puisse rentrer, toujours de bonne humeur, toujours prête à m’encourager, et tout cela pour me faire plaisir ; non vraiment, là, il m’arrive quelquefois de ne pas y croire, Copperfield ! »

II contemplait avec tendresse jusqu’aux pantoufles qu’elle lui avait fait chauffer, tout en mettant ses pieds dedans et les étendant sur les chenets d’un air de satisfaction.

« Je ne peux pas le croire, répétait-il. Et si vous saviez que de plaisirs nous avons ! Ils ne sont pas chers, mais ils sont admirables. Quand nous sommes chez nous le soir, et que nous fermons notre porte, après avoir tiré ces rideaux… qu’elle a faits… où pourrions-nous être mieux ? Quand il fait beau, et que nous allons nous promener le soir, les rues nous fournissent mille jouissances. Nous nous mettons à regarder les étalages des bijoutiers, et je montre à Sophie lequel de ces serpents aux yeux de diamants, couchés sur du satin blanc, je lui donnerais si j’en avais le moyen ; et Sophie me montre laquelle de ces belles montres d’or à cylindre, avec mouvement à échappement horizontal, elle m’achèterait si elle en avait le moyen ; puis nous choisissons les cuillers et les fourchettes, les couteaux à beurre, les truelles à poisson ou les pinces à sucre qui nous plairaient le plus, si nous avions le moyen : et vraiment, nous nous en allons aussi contents que si nous les avions achetés ! Une autre fois, nous allons flâner dans les squares ou dans les belles rues ; nous voyons une maison à louer, alors nous la considérons en nous demandant si cela nous conviendra quand je serai fait juge. Puis nous prenons tous nos arrangements : cette chambre-là sera pour nous, telle autre pour l’une de nos sœurs, etc., etc., jusqu’à ce que nous ayons décidé si véritablement l’hôtel peut ou non nous convenir. Quelquefois aussi nous allons, en payant moitié place, au parterre de quelque théâtre, dont le fumet seul, à mon avis, n’est pas cher pour le prix, et nous nous amusons comme des rois. Sophie d’abord croit tout ce qu’elle entend sur la scène, et moi aussi. En rentrant, nous achetons de temps en temps un petit morceau de quelque chose chez le charcutier, on en petit homard chez le marchand de poisson, et nous revenons chez nous faire on magnifique souper, tout