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Page:Dickens - David Copperfield, Hachette, 1894, tome 2.djvu/446

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« Cela vous fait honneur, Vingt-huit : je n’attendais pas moins de vous… Avez- vous encore quelques mots à dire ?

— Monsieur… reprit M. Littimer en levant légèrement, non pas les yeux, mais les sourcils seulement, il y avait une jeune femme d’une mauvaise conduite que j’ai essayé, mais en vain, de sauver. Je prie ce monsieur, si cela lui est possible, d’informer cette jeune femme, de ma part, que je lui pardonne ses torts envers moi, et que je l’invite à la repentance. J’espère qu’il aura cette bonté.

— Je ne doute pas, Vingt-huit, continua son interlocuteur, que le monsieur auquel vous faites allusion ne sente très-vivement, comme nous le faisons tous, ce que vous venez de dire d’une façon si touchante. Nous ne voulons pas vous retenir plus longtemps.

— Je vous remercie, monsieur, dit M. Littimer. Messieurs, je vous souhaite le bonjour ; j’espère que vous en viendrez aussi, vous et vos familles, à reconnaître vos péchés et à vous amender. »

Là-dessus Vingt-huit se retira après avoir-lancé un regard d’intelligence à Uriah. On voyait bien qu’ils n’étaient pas inconnus l’un à l’autre et qu’ils avaient trouvé moyen de s’entendre. Quand on ferma sur lui la porte de sa cellule, on entendait chuchoter de tout côté dans le groupe que c’était là un prisonnier bien respectable, un cas magnifique.

« Maintenant, Vingt-sept dit M. Creakle rentrant en scène avec son champion, y a-t-il quelque chose qu’on puisse faire pour vous ?Vous n’avez qu’à dire.

— Je vous demande humblement, monsieur, reprit Uriah en secouant sa tête haineuse, l’autorisation d’écrire encore à ma mère.

— Elle vous sera certainement accordée, dit M. Creakle.

— Merci, monsieur ! Je sais bien inquiet de ma mère. Je crains qu’elle ne soit pas en sûreté. »

Quelqu’un eut l’imprudence de demander quel danger elle courait ; mais un « Chut ! » scandalisé fut la réponse générale.

«  Je crains qu’elle ne soit pas en sûreté pour l’éternité, monsieur, répondit Uriah en se tordant vers la voix ; je voudrais savoir ma mère dans l’état où je suis. Jamais je ne serais arrivé à cet état d’âme si je n’étais pas venu ici. Je voudrais que ma mère fût ici. Quel bonheur ce serait pour chacun qu’on pût amener ici tout le monde. »

Ce sentiment fut reçu avec une satisfaction sans limites, et