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Page:Dickens - David Copperfield, Hachette, 1894, tome 2.djvu/465

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s’y était donné rendez-vous, pour venir rendre hommage à cet homme si remarquable, si estimé et si populaire. Le docteur Mell (de l’école normale de Salem-House, port Middlebay), présidait le banquet ; à sa droite était assis notre hôte illustre. Lorsqu’on a eu enlevé la nappe, et exécuté d’une manière admirable notre chant national de Non Nobis, dans lequel nous avons particulièrement distingué la voix métallique du célèbre amateur Wilkins Micawber junior, on a porté, selon l’usage, les toasts patriotiques de tout fidèle Américain, aux acclamations de l’assemblée. Dans un discours plein de sentiment, le docteur Mell a proposé la santé de notre hôte illustre, l’ornement de notre ville. «Puisse-t-il ne jamais nous quitter, que pour grandir encore, et puisse son succès parmi nous être tel, qu’il lui soit impossible de s’élever plus haut ! » Rien ne saurait décrire l’enthousiasme avec lequel ce toast a été accueilli. Les applaudissements montaient, montaient toujours, roulant avec impétuosité comme les vagues de l’Océan. À la fin on fit silence, et Wilkins Micawber se leva pour faire entendre ses remercîments. Nous n’essayerons pas, vu l’état encore relativement imparfait des ressources intellectuelles de notre établissement, de suivre notre éloquent concitoyen dans la volubilité des périodes de sa réponse, ornée des fleurs les plus élégantes. Qu’il nous suffise de dire que c’était un chef-d’œuvre d’éloquence, et que les larmes ont rempli les yeux de tous les assistants lorsque, remontant au début de son heureuse carrière, il a conjuré les jeunes gens qui se trouvaient dans son auditoire de ne jamais se laisser entraîner à contracter des engagements pécuniaires qu’il leur serait impossible de remplir. On a encore porté des toasts au facteur Mell ; à mislress Mieavober, qui a remercié par un gracieux salut de la grande porte, où une voie lactée de jeunes beautés étaient montées sur des chaises, pour admirer et pour embellir à la fois cet émouvant spectacle ; à mistress Roger Begs (ci-devant miss Micawber) ; à mistress Mell ; à Wilkins Micawber (qui a fait pâmer de rire toute l’assemblée en demandant la permission d’exprimer sa reconnaissance par une chanson, plutôt que par un discours) ; à la famille de M. Micawber (bien connue, il est inutile de le faire remarquer, dans la mère patrie), etc., etc. À la fin de la séance, les tables ont disparu, comme par enchantement, pour faire place aux danseurs. Parmi les disciples de Terpsichore qui n’ont cessé leurs ébats que lorsque le soleil est venu leur rappeler le moment du départ, on remarquait