Page:Dickens - David Copperfield, Hachette, 1894, tome 2.djvu/63

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à cet effet et il n’y a plus rien à craindre, mais je vous la donne aussi de tout mon cœur. J’ai payé ce malheureux billet. Je ne doute pas que M. Micawber ne l’eût payé lui-même s’il l’avait pu, mais il ne le pouvait pas. Je dois vous dire une chose qui me plaît beaucoup chez M. Micawber, Copperfield, c’est par rapport au second billet qui n’est pas encore échu. Il ne me dit plus qu’il y a pourvu, mais qu’il y pourvoira. Vraiment, je trouve que Je procédé est très-honnête et très-délicat. »

J’avais quelque répugnance à ébranler la confiance de mon brave ami, et je fis un signe d’assentiment. Après un moment de conversation, nous fîmes le chemin de la boutique du marchand de chandelles pour enrôler Peggotty dans notre conjuration, Traddles ayant refusé de passer la soirée avec moi, d’abord parce qu’il éprouvait la plus vive inquiétude que ses propriétés ne fussent achetées par quelque autre amateur avant qu’il eût le temps de faire des offres, et ensuite parce que c’était la soirée qu’il consacrait toujours à écrire à la plus excellente fille du monde.

Je n’oublierai jamais les regards qu’il jetait du coin de la rue vers Tottenham-Coart-Road, pendant que Peggotty marchandait ces objets si précieux, ni son agitation quand elle revint lentement vers nous, après avoir inutilement offert son prix, jusqu’à ce qu’elle fût rappelée par le marchand et qu’elle retourna sur ses pas. En fin de compte, elle racheta la propriété de Traddles pour un prix assez modéré ; il était transporté de joie.

« Je vous suis vraiment bien obligé, dit Traddles en apprenant qu’on devait envoyer le tout chez lui le soir même. Si j’osais, je vous demanderais encore une faveur : j’espère que vous ne trouverez pas mon désir trop absurde, Copperfield !

— Certainement non, répondis-je d’avance.

— Alors, dit Traddles en s’adressant à Peggotty, si vous aviez la bonté de vous procurer le pot à fleurs tout de suite, il me semble que j’aimerais à l’emporter moi-même, parce qu’il est à Sophie, Copperfield. »

Peggotty alla chercher le pot à fleurs de très-bon cœur ; il l’accabla de remercîments, et nous le vîmes remonter Tottenham-Court-Road avec le pot à fleurs serré tendrement dans ses bras, d’un, air de jubilation que je n’ai jamais vu à personne.

Nous reprîmes ensuite le chemin de chez moi. Comme les magasins