Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/10

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ment où la voiture fit halte, j’aperçus (à la fenêtre inférieure d’une tourelle latérale qui complétait la maison) une figure cadavéreuse qui ne fit que paraître et disparaître. Le moment d’après, la porte s’ouvrit et cette même figure se montra : elle était tout aussi cadavéreuse qu’à la fenêtre ; mais en la voyant de plus près j’y remarquai les petites taches de rousseur qu’on observe quelquefois sur la peau de ceux qui ont des cheveux roux. L’individu était roux en effet, — jeune homme de seize ans, quoiqu’il semblât beaucoup plus âgé, et dont les cheveux étaient taillés ras sur la nuque, ayant à peine des sourcils, point de cils, et les yeux si mal protégés par ses paupières, que je me rappelle m’être demandé comment il pouvait dormir. Il était vêtu de noir, portait autour de son maigre cou une cravate blanche, et je remarquai surtout sa main longue et osseuse comme celle d’un squelette, lorsqu’il se tint à la tête du poney en se grattant le menton.

« — M. Wickfield est-il chez lui, Uriah Heep ? » lui demanda ma tante.

« — M. Wickfield est chez lui, Madame, » répondit-il ; « donnez-vous la peine d’entrer. » et sa longue main nous montrait la porte.