Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/107

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» — Oh ! moi, c’est tout d’abord que je vous ai reconnu, Steerforth ; mais vous êtes de ceux qu’on n’oublie pas aisément. »

Il sourit en passant la main dans les boucles de ses cheveux, et dit avec gaîté :

« — Oui, je vais remplir mon devoir filial. Ma mère habite les environs de Londres. Les routes sont détestables, notre maison est passablement ennuyeuse. Je me suis donc arrêté ici pour vingt-quatre heures ; sur ces vingt-quatre heures, depuis mon arrivée, j’en ai dormi cinq à six au théâtre.

» — J’ai été au théâtre aussi, Steerforth, à Covent-Garden. Quel délicieux et magnifique spectacle !

À ces mots Steerforth rit de tout son cœur.

« — Mon cher Davy, » me dit-il en me frappant sur l’épaule, « ou plutôt mon cher Daisy[1], car vous êtes une vraie fleur des champs, la pâquerette qui vient d’éclore sous les perles de la rosée du matin, n’a pas une corolle plus fraîche que votre cœur ingénu. J’étais aussi à Covent-Garden, et jamais on ne vit un plus misérable spectacle. Holà ! eh ! vous. »

  1. note du traducteur. Steerforth joue sur le mot daisy qui signifie pâquerette.