Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/129

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chaude, — cette eau chaude qui me reprochait d’avoir encore un menton imberbe, — et il déposait mes habits, brossés et pliés par lui, près de mon lit. En ouvrant mes rideaux, je le vis, dans sa tranquille atmosphère de respectabilité, insensible au froid de janvier, plaçant ma botte droite et ma botte gauche debout, à la première position de la danse, et soufflant sur un atome de poussière qu’il avait aperçu contre le collet de mon frac.

Je lui souhaitai le bonjour et lui demandai l’heure. Il tira de sa poche la plus respectable montre de chasse qu’on pût voir, puis l’ouvrit en arrêtant le couvercle avec son pouce, regarda le cadran comme s’il consultait un oracle enfermé dans une huître, la referma et me dit :

« — S’il vous plaît, Monsieur, il est huit heures et demie. M. Steerforth serait charmé d’apprendre, Monsieur, » ajouta-t-il, « si vous avez bien reposé.

» — Merci, très bien, » répondis-je. « M. Steerforth est-il bien ce matin ?

» — Merci, Monsieur ; M. Steerforth est assez bien. » Autre trait de caractère : il n’employait jamais les superlatifs, toujours dans le calme d’un juste-milieu.