Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/136

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« Oh ! oui, Monsieur, » répondit Minette ; « avec son asthme, il ne se hasarde pas à sortir par ce temps vif. Joë, appelez votre grand-père. »

Le petit bonhomme pendu à son tablier, cria : « Bon papa ! » avec une voix si sonore, qu’il en fut honteux lui-même et se cacha la tête sous le tablier, à la grande admiration de sa mère. J’entendis un souffle pénible qui annonçait l’approche de l’asthmatique drapier-passementier, et M. Omer, assez bien conservé d’ailleurs, fit son apparition.

« — Qu’y a-t-il pour votre service, Monsieur ? » me demanda-t-il.

« — Je désire seulement, » répondis-je, vous serrer la main, Monsieur Omer, s’il vous plaît. Vous fûtes bienveillant pour moi jadis, et je me rappelle que je ne vous en ai jamais remercié.

» — Je crains bien, » dit-il, « que ma mémoire ne soit devenue aussi courte que ma respiration, car je ne me souviens pas, Monsieur… »

Je me nommai, et M. Omer, non-seulement se ressouvint de moi, mais encore il rappela lui-même les circonstances de notre première rencontre avec une telle précision de détails,