Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/193

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» — Ma tante, mon cher Steerforth, me rappelle que j’ai entrepris ce voyage pour me reconnaître, m’orienter et réfléchir un peu.

» — Ce que vous avez fait nécessairement.

» — Ma foi ! je ne sais trop… ou plutôt, à parler vrai, j’ai peur de l’avoir oublié.

» — Eh bien ! reconnaissez-vous à présent, orientez-vous et réparez votre négligence, » dit Steerforth. « Regardez à droite, vous verrez un pays plat, avec pas mal de marécages ; regardez à gauche, c’est la même chose ; regardez là, devant vous, aucune différence ; regardez derrière vous, et c’est encore comme à droite, comme à gauche et comme là devant vous.

» — Ma foi ! » répondis-je en riant, « j’ai beau regarder, je ne vois aucune profession… ce qui tient peut-être à la platitude du pays.

» — Et que dit là-dessus notre tante ? suggère-t-elle quelque chose ? » me demanda Steerforth en donnant un coup d’œil à la lettre que j’avais dans la main.

« — Mais oui, elle désire savoir si je n’aimerais pas à être un proctor ? Qu’en pensez-vous ?

» — Je ne sais pas trop, » répliqua Steerforth froidement ; « autant être un proctor qu’autre chose. »