Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/22

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Tout en parlant encore, elle m’embrassa et sortit vivement en fermant la porte après elle. Je fus d’abord si étourdi de ce brusque départ, que je craignais d’avoir déplu par quelque parole irréfléchie ; mais, en regardant par la fenêtre, je vis ma tante monter dans le cabriolet avec un air si triste, sans oser regarder elle-même, que je rendis plus de justice à ses sentiments. Pauvre tante ! elle aimait le pauvre orphelin.

Cinq heures sonnèrent. C’était l’heure du dîner de M. Wickfield, j’avais calmé mon émotion et j’étais prêt à jouer du couteau et de la fourchette. Le couvert n’était mis que pour deux, pour M. Wickfield et pour moi : Agnès descendit cependant du salon gothique avec son père et s’assit en face de lui. Je doute qu’il eût pu bien dîner sans elle.

Après le dîner, nous allâmes au salon, et Agnès posa sur une des petites tables une carafe de vin de Porto : elle savait que placé là par d’autres mains que les siennes ce vin lui paraîtrait moins bon. Pendant qu’il remplissait et vidait son verre, elle touchait du piano, causait ou s’occupait à coudre. M. Wickfield semblait heureux et gai en l’écoutant et la regardant ; mais parfois il était saisi d’un sou-