Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/253

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tomber dans son piège ; mais je pus me contenir.

« — Quel prophète vous avez été, M. Copperfield, » poursuivit Uriah. « Quel excellent prophète, loué soit Dieu ! Vous souvenez-vous de m’avoir dit un soir que peut-être je deviendrais l’associé de M. Wickfield dans son étude, et qu’on dirait un jour : Wickfield et Heep ? Vous pouvez ne pas vous en souvenir, mais quand quelqu’un est humble, M. Copperfield, ce quelqu’un-là garde de telles paroles comme un trésor dans sa mémoire.

» — Je me souviens, en effet, » lui repartis-je, « d’avoir parlé de cela, quoique certainement je ne pouvais croire alors la chose très vraisemblable.

» — Ah ! qui l’aurait cru, M. Copperfield, » s’écria-t-il avec enthousiasme. « Je ne le croyais pas moi-même. Je me souviens vous avoir répondu que j’étais trop humble, et je me jugeais tel, réellement et sincèrement. »

En s’exprimant ainsi, avec son sourire de figure de bois sculpté, il évitait mon regard et contemplait le feu.

« — Mais les plus humbles personnes, M. Copperfield, » reprit-il aussitôt, « peuvent devenir des instruments utiles. Je suis heureux