Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/256

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comme les cloches sonnaient dans ma jeunesse. Mais, pardon, je me suis interrompu. De qui parlions-nous ?

» — De M. Wickfield.

» — Ah ! c’est vrai, — il a été bien imprudent, M. Copperfield ; c’est un sujet dont je ne voudrais pas toucher un mot à personne autre que vous, et même avec vous je ne puis que l’effleurer, voilà tout. À ma place, bien des gens auraient, dans ces dernières années, mis sous leur pouce M. Wickfield (le brave digne homme !), oui, sous leur pouce, » répéta Uriah en ouvrant sa main de harpie sur la table et la faisant craquer sous la pression de son horrible doigt.

Je ne crois pas qu’il me fût apparu plus odieux, courbant sous le pied fourchu du diable la tête de M. Wickfield.

« — Oh ! oui, M. Copperfield, » poursuivit-il d’une voix mielleuse dont l’accent contrastait avec son geste diabolique, « cela n’est pas douteux ; quelle perte d’argent, quelle perte d’honneur, et je ne sais quoi encore ! M. Wickfield le sait. Je suis l’humble instrument qu’il a employé, et il m’élève à un rang que je n’eusse jamais espéré d’atteindre. Combien je dois être reconnaissant ! »