Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/284

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Elle contenait une splendide collection de géraniums ; nous les passâmes en revue, et Dora s’arrêtait souvent pour admirer tantôt l’un, tantôt l’autre ; je m’arrêtais aussi pour admirer de même, et Dora, riant d’un rire enfantin, approchait le nez de Jip des fleurs pour les lui faire sentir. Je ne sais si nous étions tous les trois dans le pays des fées ; j’y étais certainement, moi, et, jusqu’à ce jour, l’odeur d’une feuille de géranium a toujours évoqué devant mes yeux cette scène moitié comique, moitié sérieuse. Je revois une fée aux cheveux bouclés sous un chapeau de paille avec des rubans bleus, qui tient un petit chien noir dans ses bras gracieux et l’oblige à flairer une collection de fleurs brillantes artistement rangées sur les gradins d’une serre.

Miss Murdstone nous avait cherchés ; elle nous trouva là et présenta sa laide joue ridée aux lèvres de Dora. Puis elle prit le bras de Dora et nous ramena gravement à la salle du déjeuner, comme si elle nous avait conduits à un service funèbre.

Dora servait le thé ; aussi je ne sais combien de tasses de thé j’acceptai de sa main. Assurément, tout le thé que j’avalai ce matin-là eût suffi pour noyer mon système nerveux, si j’a-