Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/318

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çait sur moi, et la manière sournoise dont elle épiait la physionomie de Steerforth, la comparant avec la mienne, comme si elle s’attendait à surprendre une explication entre nous deux. Chaque fois que je me tournais de son côté, je voyais ses grands yeux noirs attachés invariablement sur Steerforth et sur moi, passant soudain de l’un à l’autre ou nous examinant tous les deux à la fois. Loin de dissimuler cette observation de lynx, lorsqu’elle voyait que je la remarquais, elle me contemplait alors avec une expression plus prononcée. Quelque innocent que je fusse et sûr de ma conscience relativement à aucun tort dont Miss Dartle pouvait me soupçonner, je finis par être intimidé par la flamme ardente de ces yeux étranges.

Toute la journée, Miss Rosa Dartle sembla remplir la maison de son ubiquité. Si j’étais à causer avec Steerforth dans sa chambre, j’entendais le frôlement de sa robe dans le corridor. Si nous faisions une partie de fleurets sur la pelouse derrière la maison, je l’apercevais allant d’une fenêtre à l’autre, comme une lumière errante, jusqu’à ce qu’elle s’arrêtât à celle d’où elle pouvait le mieux épier. Nous allâmes nous promener tous les quatre dans le