Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/327

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forth tout bas en m’arrêtant sur la porte, « et c’est ce qu’elle ne faisait plus depuis trois ans, excepté quand elle était seule avec ma mère. »

Cela fut dit avec un sourire curieux ; immédiatement nous entrâmes dans le salon, et nous y trouvâmes, en effet, Miss Dartle.

« — Ne vous levez pas, ma chère Rosa, je vous en prie, » lui dit Steerforth ; « une fois au moins ayez la complaisance de nous chanter une ballade irlandaise.

» — Quel plaisir peut faire une ballade irlandaise ? » répondit Miss Dartle.

« — Un grand plaisir, je vous le jure, et voici mon ami Pâquerette qui aime la musique de toute son âme. Chantez-nous une ballade irlandaise, Rosa ; je veux m’asseoir près de vous et vous écouter comme autrefois. »

Il s’assit près de la harpe, et Miss Dartle promena quelque temps les doigts sur les cordes de l’instrument, comme si elle hésitait à en tirer un son ; puis, avec un geste soudain, elle chanta en s’accompagnant.

Je ne saurais dire si c’était l’air ou la voix qui prêtait à cette ballade quelque chose de surnaturel. Je n’ai jamais entendu rien de plus extraordinaire, rien qui ressemblât davantage à l’improvisation inspirée de la chanteuse,