Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/33

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» — Je me perfectionne dans mes études légales : je lis la Pratique de Tidd, M. Copperfield. Ah ! quel praticien que M. Tidd ! »

Je fus frappé de l’exclamation d’Uriah, qui exprimait une si sincère admiration pour son auteur.

« — Je suppose que vous êtes déjà un grand légiste vous-même, Uriah ! » lui dis-je, attribuant à son zèle pour l’étude la maigreur de ce jeune clerc, la rougeur de ses paupières, ses joues creuses et son teint de spectre.

« — Moi ! un légiste, M. Copperfield, » s’écria-t-il encore ; « oh non ! je suis de trop humble condition pour cela ; je le sais : je sais d’où je suis parti et jusqu’où je peux aller. Ma mère est une pauvre femme et mon père n’était qu’un pauvre homme… mon père était un fossoyeur ! Je dois m’estimer fort heureux de travailler sous M. Wickfield.

» — Mais, Uriah ! on n’est pas clerc toute sa vie, » lui dis-je, espérant lui être agréable malgré cette humilité extraordinaire ; « vous serez un jour avocat à votre tour, et peut-être le successeur ou l’associé de M. Wickfield lui-même.

» — Oh ! non, M. Copperfield, » reprit-il ; « je suis d’une condition trop humble pour cela,