Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/332

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homme ; je ne fume moi-même que pour mon asthme ; asseyez-vous donc. »

M. Omer m’ayant avancé une chaise, reprit sa place, essoufflé et aspirant sa pipe comme si elle eût contenu cet air vital si nécessaire à ses organes respiratoires.

« — J’ai le chagrin d’avoir reçu de mauvaises nouvelles de M. Barkis, » lui dis-je.

M. Omer me regarda d’un air sérieux et se contenta de hocher la tête.

« — Savez-vous comment il est ce soir ? » lui demandai-je.

» — Je vous eusse adressé la même question, » répondit-il, « si la délicatesse me l’eût permis ; c’est un des mauvais côtés de la principale branche de notre commerce ; quand quelqu’un est malade, nous ne pouvons nous informer de son état. »

C’était une délicatesse qui ne m’était pas venue à l’esprit, quoique je ne fusse pas entré dans la boutique sans quelque crainte d’y entendre l’ancien air de tic-toc.

« — Maintes fois, » continua-t-il, « nous sommes privés de nous montrer aussi polis que nous voudrions l’être. Ainsi, voilà quarante ans que je connais Barkis ; mais je ne saurais aller moi-même jusque chez lui