Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/351

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n’avait pas fait un pas depuis le seuil de la porte, me disait :

« — M. Davy, voulez-vous venir une minute pour voir ce qu’Émilie et moi nous voulons vous montrer ? »

Je le suivis, et, à ma grande terreur, je m’aperçus alors qu’il était pâle comme la mort. Il m’entraîna vivement et ferma la porte sur nous, rien que sur nous deux.

« — Cham ! qu’y a-t-il donc ?

» — M. Davy !… »

Les larmes et les sanglots lui coupèrent la parole. Je fus stupéfait par cette explosion de sa douleur : je ne sais plus quelle fut ma pensée : je ne pouvais que le regarder.

« — Cham ! mon cher Cham ! pour l’amour du ciel, apprenez-moi de quoi il s’agit !

» — Ma bien aimée, M. Davy, — l’orgueil et l’espoir de mon cœur, — celle pour qui je serais mort volontiers, celle pour qui je mourrais encore… elle est partie !

» — Partie ?

» — Émilie est partie… ah ! M. Davy, jugez de la manière dont elle est partie, quand je prie Dieu de la tuer, — elle qui m’est plus chère que tout au monde, plutôt que de permettre qu’elle soit à jamais perdue ! »