Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/370

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jamais fait attention à moi, si, au lieu de les amuser, j’étais venue les entretenir de mes misères et les apitoyer sur le père et la sœur dont je gagne le pain avec le mien ?…Mais assez là-dessus : je viens à vous parce que j’ai sur le cœur d’avoir été la complice, quoique innocente, d’une trahison… Vous-même, quand vous parlâtes devant Steerforth de cette jeune fille, vous me trompâtes sans le savoir : je vous vis rougir et pâlir en prononçant son nom, et lorsque je vous eus quitté, je me laissai persuader par ce misérable Littimer, qui m’attendait au passage, qu’il s’agissait de vous sauver d’une passion malheureuse. Son maître, me jura-t-il, voulait avertir l’infortunée encore plus pour vous que pour elle, et j’allai chez Omer et Joram lui remettre une lettre qui avait été préparée d’avance… Trouverez-vous mauvais que la pauvre naine, en apprenant ce qui s’est passé, ait tenu à se justifier ? Si jamais vous la rencontrez affectant d’être légère et indiscrète, je veux que vous sachiez que toute sa légèreté et son indiscrétion lui sont imposées par ceux qui la laisseraient mourir de faim si elle s’avisait de vouloir être sérieuse… »

Je fus accablé par cette révélation nouvelle.