Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/378

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vit ; nous nous contenterons de penser à elle, de loin, comme si elle était sous un autre soleil et sous un autre ciel ; nous nous contenterons de la confier à son mari, et attendrons le jour où nous serons tous égaux devant Dieu ! »

Cette rude réplique n’était pas sans éloquence ; mais, quel qu’en fût l’effet sur elle, Mrs Steerforth conserva son attitude fière ; cependant, ce fut d’une voix plus douce qu’elle dit :

« — Je ne justifie rien ; je n’oppose pas accusation à accusation ; mais je répète avec chagrin : c’est impossible. Un pareil mariage ruinerait inévitablement la carrière de mon fils, anéantirait toutes ses espérances d’avenir ; il ne peut jamais avoir lieu, jamais, rien de plus certain. S’il est une autre réparation… »

Ici, M. Peggoty l’interrompit en fixant sur elle un regard triste, mais ferme :

« — J’examine, » dit-il, « la mère qui m’offre une ressemblance si frappante avec celui que j’ai vu dans ma maison, au coin de mon feu, dans mon bateau sur la mer, et partout si affectueux, si prodigue de sourires… ou plutôt si perfide, que j’en perdrais la raison rien que d’y penser. Si cette mère ne sent pas un feu intérieur qui la brûle à l’idée de m’of-