Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/380

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son respect, à sa reconnaissance !… n’est-ce pas là un outrage ? »

Rosa Dartle voulut encore ici tenter de la calmer :

« — Non, non, Rosa, pas un mot. S’il peut tout jouer contre un caprice, je puis aussi tout consacrer à un plus noble but. Qu’il s’en aille où il voudra, avec les revenus que ma tendresse lui a garantis. Espère-t-il me réduire par une longue absence ? Il connaît donc mal sa mère ! Qu’il laisse là son caprice aujourd’hui et qu’il revienne, il sera le bienvenu ! Qu’il tarde encore, et il ne reviendra plus auprès de moi tant que je pourrai prononcer une parole ou faire un geste pour le repousser, à moins qu’il ne se jette humblement à mes genoux en me demandant pardon. C’est mon droit : c’est là ce qui nous sépare… et n’est-ce pas là un outrage aussi pour une mère ? » ajouta-t-elle en regardant M. Peggoty avec le même air d’orgueil.

Pendant que la mère prononçait ces paroles, il me semblait voir et entendre le fils qui les bravait. Je retrouvais en elle l’obstination et la fière volonté que j’avais connues en lui : l’intelligence que j’avais de l’énergie mal dirigée de l’un, me révélait aussi le caractère de l’autre.