Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/39

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de sa jeune et jolie femme. Il avait dans l’expression de sa tendresse conjugale une manière de bonté paternelle qui indiquait un homme excellent. Je les suivais volontiers du regard quand ils se promenaient ensemble dans le jardin, le long du mur d’espalier où les pêches mûrissaient au soleil : je les voyais quelquefois de plus près encore dans leur salon. La jeune femme me semblait avoir grand soin du Docteur et lui être attachée, quoique je ne croie pas qu’elle s’intéressât beaucoup au Dictionnaire des racines grecques, malgré la peine que le Docteur se donnait pour lui en faire comprendre l’importance et lui en expliquer les éléments.

Mrs Strong m’avait pris en affection depuis le matin où M. Wickfield me présenta au Docteur, et elle ne cessa jamais de me le témoigner. Elle aimait d’ailleurs Agnès, et lui faisait de fréquentes visites ; mais M. Wickfield lui inspirait une contrainte visible qu’elle ne pouvait surmonter. Quand elle venait voir Agnès, le soir, elle éludait de se faire accompagner par lui pour rentrer chez elle, et, préférant l’appui de mon bras, se mettait à courir avec moi gaîment, tandis que M. Wickfield cherchait encore son chapeau. Quelquefois,