Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/402

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qu’on mettait à l’écart les débris du dîner, et je m’égarai parmi les arbres, rongé de remords et de dépit. Je me demandais si je ne devais pas m’excuser sous prétexte d’être indisposé et fuir je ne sais où, sur mon coursier gris, quand je fus rejoint par Dora et Miss Julia Mills.

« — M. Copperfield, » me dit Miss Julia, « vous êtes soucieux.

» — Je vous demande pardon, — pas du tout, » répondis-je.

« — Et Dora, » lui dit-elle, « vous aussi vous êtes soucieuse.

» — Oh, ma chère, non, pas le moins du monde.

» — M. Copperfield et Dora, » dit Miss Julia Mills avec un air presque vénérable, « assez boudé comme cela. Il ne faut pas qu’une mésintelligence triviale flétrisse les fleurs du printemps de la vie qui, une fois passées, ne peuvent renaître… Je parle d’après mon expérience du passé ! de l’irrévocable passé ! Les sources jaillissantes qui brillent à la lumière du soleil, ne doivent pas être arrêtées par un simple caprice : l’oasis du désert de Sahara ne doit pas être bouleversé et détruit follement. »

J’étais si troublé que je ne savais ce que je faisais : je pris la main de Dora et la baisai…