Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/51

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je n’avais, avant d’en dépenser un seul shelling, envoyé par la poste une demi-guinée à Peggoty pour rembourser celle que je lui avais empruntée ; ce ne fut qu’alors que je lui racontai la friponnerie dont j’avais été victime.

À toutes ces épîtres, ma chère Peggoty répondait toujours avec l’exactitude, sinon avec la concision d’un commis de banque : ses expressions n’étaient peut-être pas, en effet, d’une clarté remarquable ; elle s’épuisait en phrases commencées et qui restaient inachevées ; de gros pâtés d’encre et les traces évidentes des larmes de ma correspondante, auraient pu paraître à d’autres que moi une complication hiéroglyphique ; mais je devinais par le cœur tout ce que mon intelligence renonçait à déchiffrer.

Je compris, à travers toutes ses répétitions et ses réticences, que Peggoty conservait encore des préventions contre ma tante. On ne passe pas sans transition d’un extrême à l’autre. « On ne connaît jamais quelqu’un à fond, » m’écrivait-elle. Cependant elle me priait de faire ses compliments à Miss Betsey, mais timidement, comme à quelqu’un qui lui faisait peur ; elle craignait enfin que je fisse une nouvelle escapade tôt ou tard. J’interprétai ainsi,