Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/81

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la foule accourrait, mais s’arrêterait effrayée devant le danger. Ce serait moi, moi seul, qui planterais l’échelle contre la fenêtre de Miss Larkins, qui me précipiterais dans sa chambre, qui la sauverais dans mes bras, qui retournerais pour chercher quelque chose qu’elle aurait oublié, et qui périrais dans les flammes ; car je suis généralement un amoureux désintéressé, et je pense qu’il me suffirait d’avoir brillé en héros aux yeux de Miss Larkins avant d’expirer à ses pieds… Généralement, ai-je dit : Oui, mais pas toujours. Quelquefois de plus séduisantes visions m’éblouissent. Quand je fais ma toilette (qui m’occupe deux heures) pour un grand bal que donne M. Larkins et que j’attends depuis trois semaines, je me livre à d’agréables espérances. Je me figure ayant le courage de faire une déclaration à Miss Larkins ; je me figure Miss Larkins laissant pencher sa tête sur mon épaule, en me disant : « Ô M. Copperfield, puis-je en croire mon oreille ? » Je me figure M. Larkins qui vient me trouver le lendemain matin et me dit : « Mon cher Copperfield, ma fille m’a tout avoué ; votre âge n’est pas une objection : voici vingt mille livres sterling pour sa dot ; soyez heureux. » Je me figure ma tante réconciliée à ce mariage