— Oui, monsieur.
— L’amie de Lizzie Hexam ?
— Oui, monsieur, répondit la petite ouvrière en se mettant sur la défensive.
— Elle m’a chargé de vous remettre ce billet, où elle vous prie d’accéder à la requête du porteur, mister Mortimer Lightwood. Le hasard veut que mister Riah me connaisse. ; il peut vous dire que tel est bien mon nom. »
Le vieillard fit un signe affirmatif.
« Veuillez lire tout de suite, je vous prie.
— Il n’y en a pas long, dit miss Wren d’un air étonné, en jetant les yeux sur la lettre.
— Pas le temps d’en écrire davantage ; les minutes sont si précieuses ! mister Wrayburn, mon pauvre Eugène, est mourant. » La petite habilleuse joignit les mains en poussant un cri de pitié.
« À quelques lieues d’ici, reprit Mortimer avec émotion ; assassiné dans l’ombre ; je l’ai quitté pour venir. Dans un moment de lucidité — il est presque toujours sans connaissance — il a paru balbutier votre nom. Je n’en étais pas sûr ; il parle si peu distinctement ! mais Lizzie l’a entendu comme moi ; et nous pensons qu’il vous demande. »
La petite habilleuse, toujours les mains jointes, regardait le gentleman avec stupeur.
« Si vous tardez, il mourra sans vous voir, dit Mortimer ; et son dernier désir, un désir qu’il m’a confié — nous sommes depuis bien longtemps plus que des frères l’un pour l’autre… Excusez-moi, je fondrais en larmes si j’en disais davantage. »
Un instant après, le chapeau noir et la petite canne étaient de service, la maison laissée à la garde du bon Israélite, et l’habilleuse de poupées, assise à côté de Mortimer, sortait de Londres en chaise de poste.
X
DÉCOUVERTE DE L’HABILLEUSE DE POUPÉES
Une chambre obscure et silencieuse ; sous la fenêtre, la rivière qui va rejoindre l’Océan. Dans le lit un homme couvert de bandages, immobile sur le dos, les bras inertes, enfermés dans des éclisses. Quarante-huit heures de résidence ont tellement fami-