Page:Dickens - L'embranchement de Mugby, 1879.djvu/100

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gagnerai les montagnes dès demain, car j’irai décidément au pays de Galles ! »

Il eut quelque peine à se remettre devant les yeux les nombreux avantages que pourrait offrir, comme occupation nouvelle et absorbante, l’aspect de montagnes brumeuses et de ruisseaux gonflés par les eaux, et combien le froid, la pluie, les grèves sauvages et les routes exécrables devraient nécessairement lui être agréables et utiles !

Malgré tous ses efforts, son esprit préoccupé ne saisissait pas d’une manière aussi distincte qu’il l’eût voulu les bienfaits de ce voyage. Il se demandait si la jeune infirme, malgré la nouvelle ressource que lui offrait l’étude de la musique, n’éprouverait point désormais une sensation d’isolement qu’elle n’avait pas ressentie avant sa venue. Il aurait voulu savoir si Phœbé distinguait en ce moment les jets de fumée et de vapeur qu’il voyait de son coin dans le wagon, pendant que sa pensée retournait ainsi vers elle. Une ombre pensive se projetterait-elle sur son doux visage, lorsque le train qui l’emportait s’évanouirait à l’horizon ? En lui disant qu’il lui avait fait tant de bien, ne lui donnait-elle pas, sans en avoir conscience, une leçon sur ses continuels murmures ? et ne lui apprenait-elle pas à penser qu’un homme pourrait être, s’il en