Page:Dickens - L'embranchement de Mugby, 1879.djvu/103

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ces de leurs cours publics et de leurs divers délassements intellectuels. Avant la fin de cette promenade, dont il conserva un vif souvenir, il s’était dit que, n’étant lui-même qu’une petite partie d’un grand tout, il lui fallait, pour être utile et par conséquent heureux, mettre comme les autres ses intérêts à la masse commune, afin d’avoir le droit d’en retirer ensuite sa part personnelle.

Bien que son voyage, pour ce jour-là, se fût terminé vers midi, il avait depuis lors marché si longtemps, qu’il vit les allumeurs de réverbères faire leur besogne et les boutiques étinceler de lumière. Il comprit par là qu’il était temps de revenir à ses quartiers, et il se mettait en devoir de le faire, lorsqu’une très petite main se glissa furtivement dans la sienne, tandis qu’un petit filet de voix disait :

« Oh ! s’il vous plaît, monsieur, je suis perdue ! »

Il regarda à ses pieds et vit une très petite fille à cheveux blonds.

« Oui, dit-elle en confirmant ses paroles par une grave inclination de tête, vrai, je le suis, je suis perdue ! »

Il s’arrêta fort embarrassé, et son regard chercha autour de lui comme pour y trouver de l’aide ; mais, n’en voyant pas, il dit en se baissant beaucoup :

« Où demeurez-vous, mon enfant ?