Page:Dickens - L'embranchement de Mugby, 1879.djvu/19

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jouaient dehors, Charles lisait, assis sur son lit.
Chaque grange du voisinage, chaque pierre de l’église, chaque tombe du cimetière s’associait dans son esprit à quelque incident de ses livres de prédilection. Après avoir tant lu, il finit par prendre lui-même la plume. Une tragédie, intitulée Misnar, sultan de l’Inde, et tirée des Contes des génies, le rendit célèbre dans le cercle enfantin qui déjà l’estimait pour des talents tout particuliers. Personne ne racontait une histoire comme lui, ne chantait mieux une chanson comique. On le faisait monter sur la table pour l’entendre. Sa voix n’avait rien que d’aigre et de perçant ; il s’en moquait par la suite et regrettait d’avoir mis les oreilles des grandes personnes de son entourage à pareille épreuve. Un cousin éloigné, beaucoup plus âgé que lui et qui aimait follement le théâtre, le poussait, au temps dont nous parlons, à se donner ainsi en spectacle. Ce cousin, du nom de James Lamert, était fils d’un chirurgien militaire, et habitait l’hôpital où les chambres vides ne manquaient pas pour jouer le drame et la comédie. Dickens aima toujours les représentations de ce genre ; devenu