Page:Dickens - L'embranchement de Mugby, 1879.djvu/68

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Mais, en passant devant la petite maison, il vit encore le visage à la même place et montra qu’il avait conscience de sa présence, par un geste qui n’était ni un signe de tête, ni un salut, ni un coup de chapeau, mais un composé de tout cela, accompli avec un certain effort. Les yeux du visage eurent l’air surpris et égayé, et ses lèvres s’entr’ouvrirent pour dire d’un ton doux et modeste :

« Je vous souhaite une bonne journée, monsieur. »

Avant de rentrer à son auberge, après s’être arrêté de nouveau à la station, Barbox frères se dit très gravement à lui-même : « Je vois bien qu’il me faut rester encore quelque temps à Mugby, car je ne puis décider quelle voie ferrée je préfère prendre. J’ai besoin, en fait, de m’accoutumer un peu à cet embranchement, avant de faire mon choix définitif. »

Il annonça donc à son hôte son intention de séjourner ; puis, pour faire plus ample connaissance avec la station, il y retourna dès le soir, y revint deux fois le lendemain, puis encore dans la matinée du jour suivant, se mêlant aux gens qui la fréquentaient, examinant toutes les issues des différentes lignes, et commençant à prendre un certain intérêt aux entrées et aux sorties des trains. Au début, il passait souvent sa tête par la porte de la cabane du préposé aux lampes ; mais il n’y apercevait jamais le propriétaire.