Page:Dickens - L'embranchement de Mugby, 1879.djvu/72

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nature morne et taciturne. C’était beaucoup de n’avoir pas à se faire connaître, et cela vint singulièrement en aide à son embarras. Il lui restait pourtant encore une assez bonne dose de gaucherie, quand il lui prit la main et s’assit près du petit lit blanc.

« Je vois maintenant, lui dit-il d’abord avec un certain embarras, à quoi vous occupez vos mains. Ne vous apercevant que du sentier au bout de votre jardin, je m’étais persuadé que vous jouiez d’un instrument quelconque. »

Elle s’occupait avec beaucoup de dextérité et d’adresse à faire de la dentelle ; son tambour reposait sur sa poitrine, et les mouvements rapides, les changements de main qu’elle exécutait en travaillant, lui donnaient, en effet, l’air de jouer d’un instrument.

« C’est assez curieux, répondit-elle en souriant gaiement, car il me semble souvent aussi à moi que je joue des airs pendant que je suis à l’ouvrage.

— Avez-vous quelques notions de musique ? »

Elle fit un signe de tête négatif.

« Je me figure pourtant, reprit-elle que je pourrais trouver des mélodies, si j’avais un instrument qui me fût aussi commode que mon métier à dentelle ; mais il est probable que je me trompe, et je n’aurai jamais, d’ailleurs, l’occasion de le savoir.