Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/44

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simplement au hasard dans l’Almanach des Adresses. Ce jour-là, l’un des gentlemen directeurs, qui feuilletait le Registre, trouva que le baby qui venait d’être adopté, Walter Wilding, avait été effacé. « Un nom à prendre, » dit-il ; « donnez-le à celui qui vient d’être reçu tout à l’heure. C’est le moyen de vous mettre d’accord. » On appela donc ce nouvel enfant Walter Wilding comme l’autre qui nous avait été retiré… Ce nouvel enfant, c’était vous.

La tête de Wilding retomba sur sa poitrine.

— C’était moi !… — murmura-t-il.

— Peu de temps après votre entrée dans l’institution, monsieur, — reprit la femme de charge, — je la quittai pour me marier. Si vous voulez ici me prêter toute votre attention, vous allez voir comment une funeste méprise a eu lieu naturellement. Onze ans et demi se passèrent avant que celle que, tout à l’heure, vous croyiez avoir été votre mère, ne retournât à l’Hospice pour y chercher le fils dont elle s’était séparée. Elle savait qu’il s’appelait Walter Wilding, et rien de plus. La servante qu’elle émut par sa douleur ne put lui désigner que le seul Walter Wilding alors connu dans la maison. Moi, qui aurais pu rétablir la vérité des choses, j’étais bien loin alors. Aucun indice, aucun soupçon, aucun doute ne put donc alors empêcher cette cruelle erreur de s’accomplir. Oh ! je souffre pour vous, monsieur, vous penserez toujours avec raison que le jour où je suis entrée chez vous fut un jour de malheur, j’y suis venue bien innocemment, je vous le jure. Et pourtant j’éprouve le sentiment d’une mauvaise ac-