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Page:Dickens - La Petite Dorrit - Tome 2.djvu/366

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Clennam, qui (je suis fâché de vous apprendre cette mauvaise nouvelle) a été et est encore très-malade… »

Il attendit encore un instant, mais l’autre n’ouvrit pas la bouche.

« …Que vous aviez connu par hasard un nommé Blandois qui vient de mourir à Londres par suite d’un accident violent. Ne vous fâchez pas ! Je sais que vous le connaissiez à peine… (M. Meagles allait adroitement au-devant d’une interruption qu’il voyait sur le point d’éclater avec colère)… Je le sais parfaitement. Je n’ignore pas que vous le connaissiez à peine. Mais il s’agit de savoir… (Ici M. Meagles reprit des inflexions de voix insinuantes)… la dernière fois qu’il a passé par ici pour aller à Londres, cet homme ne vous aurait pas laissé une boîte remplie de papiers, ou un paquet de papiers… enfin des papiers quelconques dans une boîte ou une enveloppe quelconque, en vous priant de les lui garder quelque temps jusqu’au jour où il en aurait besoin ?

— C’est là la question, dites-vous ? La question de qui ?

— La mienne. Non-seulement la mienne, mais celle de Clennam et celle de plusieurs autres personnes. Tenez, je suis bien sûr, continua M. Meagles dont le cœur était plein de Chérie, que vous ne pouvez pas en vouloir à ma fille ; c’est impossible. Eh bien, la question la regarde aussi, puisqu’elle intéresse un de ses meilleurs amis. Et c’est pour cela que vous me voyez ici, vous disant franchement : Voilà la question, et vous demandant : Vous a-t-il laissé quelque chose ?

— En vérité, répondit Mlle Wade, il semble que je sois devenue le point de mire des questions de tous ceux qui ont eu des relations avec cet homme que j’ai ramassé dans la rue, que j’ai employé, payé et mis ensuite à la porte.

— Voyons, mademoiselle, fit M. Meagles cherchant à l’apaiser. Voyons ! ne vous fâchez pas, car c’est la question la plus simple du monde : il n’y a personne qui puisse s’en formaliser. Les documents dont il s’agit n’appartenant pas à cet homme ; ils ont été volés ; ils pourraient, un jour ou l’autre, causer des désagréments à une personne innocente si on les trouvait chez elle, réclamés, comme ils le sont, par ceux auxquels ils appartiennent réellement. Il a passé par Calais en allant à Londres où il avait ses raisons pour ne pas emporter les papiers avec lui, désirant seulement les avoir à portée et ne se souciant pas de les confier à des gens de son espèce. Les a-t-il laissés ici ? Je vous déclare que si je savais comment faire pour ne pas vous offenser, je me donnerais toutes les peines du monde pour y réussir. Je vous adresse cette question personnellement, mais elle n’a rien de personnel. Je pourrais la faire au premier venu ; je l’ai déjà faite à une foule de gens : ne les a-t-il pas laissés ici ? ne vous a-t-il pas donné quelque chose à garder ?

— Non.

— Alors, mademoiselle, je vois bien, malheureusement, que vous ne pouvez me donner aucun renseignement sur cette boîte ?