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GRILLON DU FOYER.

souvenirs, renforcés par le travail journalier des qualités les plus chéries ; c’était un cœur dans lequel elle était comme dans un reliquaire ; un cœur si simple et si vrai, si fort pour le bien, si faible pour le mal, qu’il ne put d’abord ressentir aucune colère ni aucun désir de vengeance, et qu’il n’eut place que pour l’image brisée de son idole.

Mais lentement, lentement, à mesure que le voiturier était assis froid et sombre à son foyer, d’autres pensées plus sévères commencèrent à naître. L’étranger était sous son toit outragé. Trois pas le conduiraient à sa chambre. Un coup l’abattrait. « Vous pourriez commettre un meurtre avant de le savoir, » avait dit Tackleton. Comment y aurait-il meurtre s’il donnait au coquin le temps de se mettre en défense ? Cet homme était plus jeune que lui.

C’était une pensée malsaine, provenant d’un esprit qui voyait trop noir. C’était une pensée méchante qui le portait à changer sa paisible demeure en un lieu hanté par les fantômes, où les voyageurs solitaires redouteraient de passer la nuit, et où les âmes timides verraient des ombres se débattre au clair de lune à travers les fenêtres vides, et entendraient des bruits effrayants pendant les tempêtes.

Elle avait monté l’escalier avec l’enfant pour aller le coucher. Pendant qu’il était auprès du feu, elle s’approcha de lui sans qu’il l’entendît ― dans son désespoir il était insensible à tous les bruits ― et elle avait placé