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GRILLON DU FOYER.

Je ne suis pas d’un caractère absolu ; tout le monde le sait. Je ne voudrais pas mettre mon opinion en opposition avec celle de mistress Peerybingle, si je n’étais pas sûr, positivement sûr de ce que je dis. Mais ceci est une question de fait. Et le fait est que la Bouilloire se mit à chanter au moins cinq minutes avant que le Grillon donnât signe de vie. Contredisez-moi, et je le dirai dix fois.

Laissez-moi narrer exactement ce qui se passa. C’est ce que j’aurais fait tout d’abord, si ce n’était pas par cette simple considération que, si j’ai une histoire à raconter, il faut que je commence par le commencement, et comment est-il possible de commencer par le commencement, sans commencer par la Bouilloire ?

Il paraît qu’il y avait une sorte de défi, un assaut de talent, vous comprenez, entre la Bouilloire et le grillon. Et voici quelle en fut l’occasion.

Mistress Peerybingle était sortie un peu avant la nuit close, et les talons cerclés en fer de ses patins laissaient sur le pavé humide de la cour de nombreuses figures dont la première proposition d’Euclide donne la démonstration. Elle était sortie pour aller remplir la Bouilloire au réservoir. Elle rentra, sans ses patins ; c’était facile à voir, car ses patins étaient très hauts, et elle était fort petite. Elle mit la Bouilloire au feu, et en la mettant, elle perdit patience ; car il lui tomba de l’eau sur les pieds et l’eau était froide, et puis elle tenait à la propreté de ses bas.