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GRILLON DU FOYER.

vérifié ; car vous avez été toujours pour moi le meilleur, le plus affectueux des maris. Notre maison a été heureuse, John ; et c’est ce qui m’a fait aimer le Grillon.

— Et moi aussi ! moi aussi, Dot !

— Je l’aime pour son chant qui fait naître en moi ces douces pensées. Quelquefois, à l’heure du crépuscule, lorsque je me sentais solitaire et triste, John, ― avant que le baby fût ici, pour me tenir compagnie et pour égayer la maison ; ― lorsque je pensais combien vous seriez seul si je venais à mourir, son cri, cri, cri, semblait me rappeler une autre voix douce et chère qui faisait à l’instant évanouir mon rêve. Et lorsque j’avais peur, ― j’avais peur autrefois, John, j’étais si jeune, ― j’avais peur que notre mariage ne fût pas heureux. Moi, j’étais presque une enfant, et vous, vous ressembliez plus à mon tuteur qu’à mon mari. Je craignais que, malgré vos efforts, vous ne pussiez pas apprendre à m’aimer, quoique vous en eussiez l’espoir et que ce fût l’objet de vos prières. Le chant du Grillon me rendait courage, en me remplissant de confiance. Je pensais à tout cela ce soir, cher, pendant que j’étais assise à vous attendre, et j’aime le Grillon pour tout ce que je viens de vous dire.

— Et moi aussi, répondit John. Mais, Dot, que voulez-vous dire ? que j’espérais apprendre vous aimer et que je le demandais à Dieu dans mes prières ? J’ai