Page:Dickens - Les Grandes Espérances, Hachette, 1896, tome 1.djvu/106

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Je calculai les conséquences qui pourraient résulter, si je répondais : « Quatre cents livres », et les trouvant contre moi, j’en retranchai quelque chose comme huit pence. M. Pumblechook me fit alors suivre après lui la table de multiplication des pence et dit :

« Douze pence font un shilling, donc quarante pence font trois shillings et quatre pence. »

Puis il me demanda triomphalement :

« Eh bien ! maintenant, combien font quarante-trois pence ? »

Ce à quoi je répondis après une mûre réflexion :

« Je ne sais pas. »

M. Pumblechook me secoua alors la tête comme un marteau pour m’enfoncer de force le nombre dans la cervelle et dit :

« Quarante-trois pence font-ils sept shillings, six pence trois liards, par hasard ?

— Oui, dis-je.

— Mon garçon, recommença M. Pumblechook en revenant à lui et se croisant les bras sur la poitrine, comment est miss Havisham ?

— Elle est grande et noire, dis-je.

— Est-ce vrai, mon oncle ? » demanda ma sœur.

M. Pumblechook fit un signe d’assentiment, duquel je conclus qu’il n’avait jamais vu miss Havisham, car elle n’était ni grande ni noire.

« Bien ! fit M. Pumblechook, c’est le moyen de le prendre ; nous allons savoir ce que nous désirons.

— Je voudrais bien, mon oncle, dit ma sœur, que vous le preniez avec vous ; vous savez si bien en faire ce que vous voulez.

— Maintenant, mon garçon, que faisait-elle, quand tu es entré ?