Page:Dickens - Les Grandes Espérances, Hachette, 1896, tome 1.djvu/141

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marqué souvent, on ne peut mieux répondre que par elle-même. Donc, je lui dis :

« Holà ! en omettant, avec politesse, d’ajouter : mon garçon !

— Qui t’a dit de venir ici ?

— Miss Estelle.

— Qui t’a permis de t’y promener ?

— Miss Estelle.

— Viens et battons-nous, » dit le jeune homme pâle.

Pouvais-je faire autrement que de le suivre ? Je me suis souvent fait cette question depuis : mais pouvais-je faire autrement ? Ses manières étaient si décidées, et j’étais si surpris que je le suivis comme sous l’influence d’un charme.

« Attends une minute, dit-il, avant d’aller plus loin, il est bon que je te donne un motif pour combattre ; le voici ! »

Prenant aussitôt un air fort irrité, il se frotta les mains l’une contre l’autre, jeta délicatement un coup de pied derrière lui, me tira par les cheveux, se frotta les mains encore une fois, courba sa tête et s’élança dans cette position sur mon estomac.

Ce procédé de taureau, outre qu’il n’était pas soutenable, au point de vue de la liberté individuelle, était manifestement désagréable pour quelqu’un qui venait de manger. En conséquence, je me jetai sur lui une première fois, puis j’allais me précipiter une seconde, quand il dit :

« Ah !… ah !… vraiment ! »

Et il commença à sauter en avant et en arrière, d’une façon tout à fait extraordinaire et sans exemple pour ma faible expérience.

« Ce sont les règles du jeu, dit-il en sautant de sa