Page:Dickens - Les Grandes Espérances, Hachette, 1896, tome 1.djvu/306

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worth, je pourrais vous offrir un lit, et je considèrerais cela comme un grand honneur pour moi. Je n’ai que peu de choses à vous montrer : seulement deux ou trois curiosités, que vous serez peut-être bien aise de voir. Je raffole de mon petit bout de jardin et de ma maison de campagne. »

Je lui dis que je serais enchanté d’accepter son hospitalité.

« Merci ! dit-il alors, nous considérerons donc la chose comme tout à fait entendue. Venez lorsque cela vous fera plaisir. Avez-vous déjà dîné avec M. Jaggers ?

— Pas encore.

— Eh bien ! dit Wemmick, il vous donnera du vin et du bon vin. Moi, je vous donnerai du punch et du punch qui ne sera pas mauvais. Maintenant je vais vous dire quelque chose : Quand vous irez dîner chez M. Jaggers, faites attention à sa gouvernante.

— Verrai-je quelque chose de bien extraordinaire ?

— Vous verrez, dit Wemmick, une bête féroce apprivoisée. Vous allez me dire que ça n’est pas si extraordinaire ; je vous répondrai que cela dépend de la férocité naturelle de la bête et de son degré de soumission. Je ne veux pas amoindrir votre opinion de la puissance de M. Jaggers, mais faites-y bien attention. »

Je lui dis que je le ferais avec tout l’intérêt et toute la curiosité que cette communication éveillait en moi ; et, au moment où j’allais partir, il me demanda si je ne pouvais pas disposer de cinq minutes pour voir M. Jaggers à l’œuvre.

Pour plusieurs raisons, et surtout parce que je ne savais pas bien clairement à quelle œuvre nous allions voir M. Jaggers, je répondis affirmativement. Nous plongeâmes dans la Cité, et nous entrâmes dans un tri-