Page:Dickens - Les Papiers posthumes du Pickwick Club, Hachette, 1893, tome 1.djvu/177

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que vous êtes un homme de sens et de talent. Je suis très-heureux, monsieur, de faire la connaissance d’un tel homme.

— Et moi, monsieur, rétorqua M. Pickwick, je me sens profondément honoré par cette expression de votre opinion. Permettez-moi, monsieur, de vous présenter mes compagnons de voyage, les autres membres correspondants du club que je suis orgueilleux d’avoir fondé. »

M. Pott ayant déclaré qu’il en serait enchanté, M. Pickwick alla chercher ses trois amis, et les présenta formellement à l’éditeur de la Gazette d’Eatanswill.

« Maintenant, mon cher Pott, dit le petit M. Perker, la question est de savoir ce que nous ferons de nos amis ici présents.

— Nous pouvons rester dans cette maison, je suppose ? dit M. Pickwick.

— Pas un lit de reste, monsieur, pas un seul lit.

— Extrêmement embarrassant ! reprit M. Pickwick.

— Extrêmement, répétèrent ses acolytes.

— J’ai à ce sujet, dit M. Pott, une idée qui, je l’espère, peut être adoptée avec beaucoup de succès. Il y a deux lits au Paon d’argent, et je puis dire hardiment, au nom de Mme Pott, qu’elle sera enchantée de donner l’hospitalité à M. Pickwick et à l’un de ses compagnons, si les deux autres gentlemen et leur domestique consentent à s’arranger de leur mieux au Paon d’argent. »

Après des instances répétées de M. Pott, et des protestations nombreuses de M. Pickwick, qu’il ne pouvait pas consentir à déranger l’aimable épouse de l’éditeur, il fut décidé que c’était là le seul arrangement exécutable ; aussi fut-il exécuté. Après avoir dîné ensemble aux Armes de la ville, et être convenus de se réunir le lendemain matin dans le même lieu pour accompagner la procession de l’honorable Samuel Slumkey, nos amis se séparèrent, M. Tupman et M. Snodgrass se retirant au Paon d’argent, M. Pickwick et M. Winkle se réfugiant sous le toit hospitalier de M. Pott.

Le cercle domestique de M. Pott se composait de lui-même et de sa femme. Tous les hommes qu’un puissant génie a élevés à un poste éminent dans le monde, ont ordinairement quelque petite faiblesse, qui n’en paraît que plus remarquable par le contraste qu’elle forme avec leur caractère public. Si M. Pott avait une faiblesse, c’était apparemment d’être un peu trop soumis à la domination légèrement méprisante de son