Page:Dickens - Les Papiers posthumes du Pickwick Club, Hachette, 1893, tome 1.djvu/285

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Attendez, monsieur, attendez, interrompit Me Dodson avec grande politesse. Monsieur Jackson ! monsieur Wicks !

— Monsieur ? répondirent les deux clercs, apparaissant au bas de l’escalier.

— Faites-moi le plaisir d’écouter ce que ce gentleman va dire. Allons ! monsieur, je vous en prie. Vous parliez, je crois, de manœuvres honteuses et dégoûtantes ?

— Oui, monsieur, s’écria M. Pickwick entièrement excité, je disais que de toutes les manœuvres honteuses et dégoûtantes auxquelles se livrent les fripons, celle-ci est la plus dégoûtante et la plus honteuse. Je le répète, monsieur.

— Vous entendez cela, monsieur Wicks ? cria Me Dodson.

— Vous n’oublierez pas ces expressions, monsieur Jackson ? ajouta Me Fogg.

— Peut-être, monsieur, reprit Dodson, peut-être que vous aimeriez à nous appeler escrocs ? Allons, monsieur, si cela vous fait plaisir, dites-le.

— Oui, s’écria M. Pickwick. Oui, vous êtes des escrocs !

— Très-bien, observa Dodson. J’espère que vous pouvez entendre de là-bas, monsieur Wicks ?

— Oh oui ! monsieur.

— Vous devriez monter quelques marches, ajouta Fogg.

— Poursuivez, monsieur, poursuivez. Vous feriez bien de nous appeler voleurs, monsieur. Ou peut-être que vous auriez du plaisir à nous maltraiter ? Vous le pouvez, monsieur, si cela vous fait plaisir. Nous ne vous opposerons pas la plus petite résistance. Allons, monsieur ! »

Comme M. Fogg se plaçait d’une manière fort tentante à proximité du poing fermé de M. Pickwick, il est fort probable que notre sage aurait cédé à ses sollicitations pressantes, s’il n’en avait pas été empêché. Mais Sam, en entendant la dispute, était sorti du bureau, avait escaladé l’escalier et saisi son maître par le bras.

« Allons, monsieur ! lui dit-il, donnez-vous la peine de venir par ici. C’est très-amusant de jouer au volant, mais pas quand les deux raquettes sont des hommes de loi et qu’ils jouent avec vous. C’est trop excitant pour être agréable. Si vous voulez vous soulager le cœur en bousculant quelqu’un, venez dans la cour et bousculez-moi. Avec ceux-là c’est une besogne un petit peu trop dépensière. »

Disant ces mots et sans plus de cérémonie, Sam emporta son maître à travers l’escalier, à travers la cour, et l’ayant déposé