Page:Dickens - Les Papiers posthumes du Pickwick Club, Hachette, 1893, tome 1.djvu/337

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ensuite, comme poussé par un soudain mouvement, il lui tendit la main.

« Comment va votre bon cher maître, demanda Job à Sam, tout en cheminant avec lui. Oh ! c’est un digne gentleman, monsieur Weller. J’espère qu’il n’a pas attrapé de fraîcheurs dans cette épouvantable nuit. »

Une expression momentanée de malice étincela dans l’œil de Job, pendant qu’il prononçait ces paroles. Sam s’en aperçut, et ressentit dans son poing fermé une violente démangeaison, mais il se contint et répondit simplement que son maître se portait très-bien.

« Oh ! que j’en suis content. Est-il ici ?

— Et le vôtre y est-il ?

— Hélas ! oui, il est ici. Et ce qui me peine à dire, monsieur Weller, c’est qu’il s’y conduit plus mal que jamais.

— Ah ! ah !

— Oh ! ça fait frémir ! c’est terrible !

— Dans une pension de demoiselles ?

— Non ! non ! pas dans une pension, répliqua Job avec le même regard malicieux que Sam avait déjà remarqué, pas dans une pension.

— Dans la maison avec une porte verte ? demanda Sam en regardant attentivement son compagnon.

— Non ! non ! oh ! non pas là ! répondit Job avec une vivacité qui ne lui était pas habituelle. Pas là !

— Que faisiez-vous là vous-même ? reprit Sam avec un regard perçant. Vous y êtes entré par accident, peut-être ?

— Voyez-vous, monsieur Weller, je ne regarde pas à vous dire mes petits secrets, parce que, comme vous savez, nous avons eu tant de goût l’un pour l’autre la première fois que nous nous sommes rencontrés. Vous vous rappelez la charmante matinée que nous avons passée ensemble.

— Eh ! oui, répliqua Sam, je m’en souviens. Eh bien !

— Eh bien ! poursuivit Job avec grande précision et du ton peu élevé d’un homme qui communique un secret important. Dans cette maison à la porte verte, monsieur Weller, il y a beaucoup de domestiques.

— Je m’en doute bien, interrompit Sam.

— Oui, et il y a une cuisinière qui a épargné quelque chose, monsieur Weller, et qui désire ouvrir une petite boutique d’épicerie, voyez-vous.

— Oui dà ?