Page:Dickens - Les Papiers posthumes du Pickwick Club, Hachette, 1893, tome 1.djvu/340

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CHAPITRE XXIV.

Dans lequel M. Peter Magnus devient jaloux, et la dame d’un certain âge, craintive ; ce qui jette les Pickwickiens dans les griffes de la justice.

Quand M. Pickwick descendit dans la chambre où il avait passé la soirée précédente avec M. Peter Magnus, il le trouva en train de se promener dans un état nerveux d’agitation et d’attente, et remarqua que ce gentleman avait disposé, au plus grand avantage possible de sa personne, la majeure partie du contenu des deux sacs, du carton à chapeau, et du paquet papier gris.

« Bonjour, monsieur, dit M. Magnus. Comment trouvez-vous ceci, monsieur ?

— Tout à fait meurtrier, répondit M. Pickwick en examinant avec un sourire de bonne humeur le costume du prétendant.

— Oui, je pense que cela fera l’affaire, monsieur Pickwick ; monsieur, j’ai envoyé ma carte.

— Vraiment !

— Oui, et le garçon est venu me dire qu’elle me recevrait à onze heures. À onze heures, monsieur, et il ne s’en faut plus que d’un quart d’heure maintenant. »

Ah ! c’est bientôt !

« Oui, c’est bientôt ! Trop tôt, peut-être, pour que ce soit agréable. Eh ! monsieur Pickwick, monsieur.

— La confiance en soi-même est une grande chose dans ces cas là.

— Je le crois, monsieur. J’ai beaucoup de confiance en moi-même. Réellement, monsieur Pickwick, je ne vois pas pourquoi un homme sentirait la moindre crainte dans une circonstance semblable. Quoi de plus simple en somme, monsieur ? il n’y a rien là de déshonorant. C’est une affaire de convenances mutuelles, rien de plus. Mari d’un côté, femme de l’autre. C’est là mon opinion de la matière, monsieur Pickwick.

— Et c’est une opinion très-philosophique. Mais le déjeuner nous attend, monsieur Magnus, allons. »