Page:Dickens - Les Papiers posthumes du Pickwick Club, Hachette, 1893, tome 1.djvu/378

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en tirant sa bourse. Il faut payer le loyer. Le terme n’est dû qu’à Noël, mais vous le payerez pour que tout soit fini. Je puis donner congé en prévenant un mois d’avance. Voici le congé. Donnez-le à Mme Bardell. Elle mettra écriteau quand elle voudra.

— Très-bien, monsieur. Rien de plus ?

— Rien de plus, Sam. »

Sam se dirigea à petits pas vers l’escalier, comme s’il eût attendu encore quelque chose. Il ouvrit lentement la porte, et étant sorti lentement, l’avait doucement refermée, à deux pouces près, lorsque M. Pickwick cria :

« Sam !

— Oui, monsieur, répondit Sam, en revenant vivement et fermant la porte après soi.

— Je ne m’oppose pas à ce que vous tâchiez de savoir comment Mme Bardell semble personnellement disposée envers moi, et s’il est réellement probable que ce procès infâme et sans base soit poussé à toute extrémité. Je dis que je ne m’oppose pas à ce que vous essayiez de découvrir cela, si vous le désirez, Sam. »

Sam fit un léger signe d’intelligence et quitta la chambre. M. Pickwick enfonça de nouveau le mouchoir de soie sur sa tête et s’arrangea pour faire un somme.

Il était près de neuf heures lorsque Sam atteignit la rue Goswell. Une paire de chandelles brûlaient dans le parloir, et l’ombre d’une couple de chapeaux se distinguait sur la jalousie. Mistress Bardell avait du monde.

Sam frappa à la porte. Après un assez long intervalle, pendant lequel mistress Bardell tâchait de persuader une chandelle réfractaire de se laisser allumer, de petites bottes se firent entendre sur le tapis et master Bardell se présenta.

« Eh bien ! jeune homme, dit Sam, comment va c’te mère ?

— Elle ne va pas mal, ni moi non plus.

— Eh bien ! j’en suis charmé. Dites-lui que j’ai à lui parler, mon jeune phénomène. »

Master Bardell, ainsi conjuré, posa la chandelle réfractaire sur la première marche de l’escalier, et disparut, avec son message, derrière la porte du parloir.

Les deux chapeaux dessinés sur les carreaux étaient ceux des deux amies les plus intimes de mistress Bardell. Elles venaient d’arriver pour prendre une paisible tasse de thé et un petit