Page:Dickens - Les Papiers posthumes du Pickwick Club, Hachette, 1893, tome 1.djvu/394

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tement en roulant dans son esprit les réflexions nombreuses auxquelles cet avis avait donné lieu.

Sam le suivit des yeux jusqu’au détour de la route et s’achemina ensuite vers Londres. Il médita d’abord sur les conséquences probables de son conseil, et sur la vraisemblance ou l’invraisemblance qu’il y avait de voir adopter cet avis par son père  ; mais bientôt il écarta toute inquiétude de son esprit par cette réflexion consolante, qu’il en saurait le résultat avec le temps. C’est un avantage que le lecteur aura, aussi bien que lui.





CHAPITRE XXVIII.

Un joyeux chapitre des fêtes de Noël, contenant le récit d’une noce et de quelques autres passe-temps qui sont, dans leur genre, d’aussi bonnes coutumes que le mariage, mais qu’on ne maintient pas aussi religieusement, dans ce siècle dégénéré.

Aussi diligents que des abeilles, et presque aussi légers que des papillons, les quatre Pickwickiens se rassemblèrent, au matin du 22 décembre de l’an de grâce 1831. Noël s’approchait rapidement, dans toute sa joyeuse et cordiale hospitalité. La vieille année se préparait, comme un gymnosophiste indien, à réunir ses amis autour de soi, et à mourir doucement et tranquillement au milieu des festins et des bombances. C’était une époque de jubilation, et parmi les nombreux mortels que réjouissait la même cause, nos quatre héros étaient remarquablement enjoués et heureux.

Car ils sont nombreux les mortels à qui Noël apporte un court intervalle de gaieté et de bonheur ! Combien de familles dispersées au loin par les soins, par les luttes incessantes de la vie, se réunissent alors dans cet heureux état de familiarité et de bonne volonté mutuelle, qui est la source de tant de pures délices ; douce et paisible communion d’esprit qui semble si incompatible avec les soucis de l’existence, si au dessus des plaisirs de ce monde, que les nations les plus civilisées, comme les peuplades les plus sauvages, en font également une des premières jouissances réservées aux élus, dans le séjour du