Page:Dickens - Les Papiers posthumes du Pickwick Club, Hachette, 1893, tome 1.djvu/399

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selle ; mais, comme il fait froid, il a pensé que vous aimeriez mieux marcher.

— Oui ! oui ! nous aimons mieux marcher, répliqua précipitamment M. Pickwick, car il se rappelait la cavalcade qu’il avait déjà faite sur la même route. Sam !

— Monsieur !

— Aidez le domestique de M. Wardle à mettre les paquets dans la charrette, et montez-y avec lui ; nous allons aller en avant. »

Ayant donné ces instructions et terminé son compte avec le cocher, M. Pickwick, suivi de ses amis, prit le sentier de traverse et s’éloigna d’un pas gaillard.

Sam, qui se trouvait pour la première fois confronté avec le gros joufflu, l’examinait curieusement, mais sans rien dire : quand il l’eut bien considéré, il commença à arranger rapidement tous les paquets dans la charrette, tandis que Joe le regardait d’un air tranquille, et paraissait trouver un immense plaisir à voir avec quelle activité Sam faisait cette opération.

« Voilà, dit Sam, en jetant le dernier sac dans la charrette : ils y sont tous.

— Oui, observa Joe d’un ton satisfait : ils y sont tous…

— Savez-vous, mon petit, que vous auriez bien pu obtenir le prix au grand concours.

— Bien obligé.

— Est-ce que vous avez quelque chose dessus votre cœur qui vous affecte ?

— Non, je ne crois pas.

— J’aurais pourtant imaginé, en vous regardant, que vous aviez une passion malheureuse. »

Joe secoua la tête d’une manière négative.

« Eh bien ! poursuivit Sam ; tant mieux ! Buvez-vous ?

— J’aime mieux manger.

— Ah ! j’aurais imaginé ça. Mais je veux dire, voulez-vous prendre une goutte de quelque chose qui vous réchaufferait votre petit estomac ? Du reste vous êtes gentiment rembourré et vous ne devez pas avoir froid souvent.

— Quelquefois, et j’aime bien à boire la goutte, quand c’est du bon.

— Ah ! c’est-il vrai ? Hé bien, venez par ici alors. »

Nos nouveaux amis furent bientôt transportés à la buvette du Lion bleu, et le gros joufflu avala un verre d’eau-de-vie sans sourciller, exploit qui l’avança considérablement dans la bonne