Page:Dickens - Magasin d Antiquités, trad Des Essarts, Hachette, 1876, tome 1.djvu/167

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me promettre de dire toujours que c’était moi qui étais votre ami ?

— Le dire à qui et quand ? demanda naïvement l’enfant.

— Oh ! à personne en particulier, répondit Codlin, un peu déconcerté par cette question. Je désire seulement que, dans l’occasion, vous puissiez dire que je suis votre ami, et me rendre ce témoignage. Vous ne sauriez vous imaginer quel intérêt je vous porte. Pourquoi ne me conteriez-vous pas votre petite histoire, ce qui vous est arrivé à vous et au pauvre vieillard ? Je suis le meilleur conseiller que vous puissiez prendre, et vous m’inspirez tant d’intérêt ! … certainement bien plus qu’à Short. Il me semble qu’on monte l’escalier. Il n’est pas nécessaire que vous parliez à Short du petit entretien que nous avons eu ensemble. Bonsoir. Rappelez-vous votre véritable ami. C’est Codlin qui est votre ami, ce n’est pas Short. Short est bon enfant dans ce qu’il est ; mais votre véritable ami, c’est Codlin, et non pas Short. »

Appuyant cette protestation d’un grand nombre de regards affables et encourageants, et de gestes pleins d’ardeur amicale, Thomas Codlin se retira sur la pointe du pied, laissant l’enfant dans une profonde surprise. Nelly réfléchissait encore à cet étrange incident, quand les dalles de l’escalier vermoulu crièrent sous les pieds des autres voyageurs qui gagnaient leurs chambres. Lorsqu’ils furent tous passés et que le bruit qu’ils avaient fait se fut amorti, l’un d’eux revint sur ses pas, et, après quelque hésitation, après avoir tâtonné contre le mur comme s’il ignorait à quelle porte il devait frapper, il heurta à celle de Nelly.

« Qui est là ? dit l’enfant sans ouvrir.

— Moi, Short, répondit celui-ci en se penchant vers le trou de la serrure. Je voulais seulement vous prévenir, ma chère, que nous devons partir demain matin de très-bonne heure, parce que si nous ne prévenons les chiens et le faiseur de tours, les villages où nous passerons ne nous rapporteront pas un sou. Croyez-vous être debout assez tôt pour vous mettre en route avec nous ? Si vous voulez, je vous avertirai. »

L’enfant lui promit d’être prête, et lui ayant rendu son bonsoir, elle l’entendit s’éloigner. L’intérêt de ces deux hommes lui causait un certain déplaisir, surtout quand elle se rappelait leurs chuchotements dans la cuisine et le trouble qu’ils avaient