Page:Dickens - Nicolas Nickleby, trad. Lorain, 1885, tome 2.djvu/3

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

CHAPITRE PREMIER.

Où M. Ralph Nickleby est déchargé, par un procédé très expéditif, de tout commerce avec sa famille.

Smike et Newman Noggs, qui, dans son impatience, était revenu chez lui longtemps avant l’heure indiquée, étaient assis ensemble devant le feu, écoutant avec anxiété chaque pas qui montait l’escalier, chaque bruit qui se faisait entendre dans la maison, dans l’espérance que c’était Nicolas qui arrivait. Le temps se passe, il se fait tard, et cependant il avait promis de ne rester qu’une heure dehors. Son absence prolongée commençait à les alarmer sérieusement tous les deux, comme on aurait pu le voir aux yeux mornes qu’ils tournaient l’un vers l’autre à chaque désappointement nouveau.

Enfin on entend un fiacre s’arrêter, et Newman sort bien vite une chandelle, pour éclairer Nicolas dans l’escalier. En le voyant dans l’état où nous l’avons laissé au dernier chapitre, il resta pétrifié d’étonnement et d’horreur.

« Soyez tranquilles, dit Nicolas en entrant avec précipitation dans la chambre. Je n’ai pas de mal : un peu d’eau et une cuvette, il n’en faut pas davantage pour tout réparer.

— Pas de mal ? cria Newman en passant rapidement les mains sur le dos et sur les bras de Nicolas, pour s’assurer qu’il n’avait rien de cassé. Qu’est-ce que vous venez donc de faire ?

— Je sais tout, dit Nicolas sans répondre à sa question. J’en ai entendu une partie, j’ai deviné le reste. Cependant, avant de laver une de ces gouttes de sang qui vous occupent, je veux apprendre tout de votre bouche. Vous voyez, je suis calme. Mon parti est pris ; à présent, mon ami, parlez franchement. Car il