Page:Dickens - Nicolas Nickleby, trad. Lorain, 1885, tome 2.djvu/413

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suis que plus résolu à le remplir strictement désormais, et à me mettre à l’abri de toute tentation sans délai.

— Avant d’ajouter un mot, cher Nicolas, dit Catherine qui devint toute pâle, il faut que vous entendiez ce que j’ai à vous confier. C’était pour cela que j’étais venue, mais le courage m’a manqué ; ce que vous venez de dire me donne du cœur. » Elle trembla et fondit en larmes.

Il y avait dans toute sa personne quelque chose qui préparait Nicolas à ce qu’il allait entendre.

Catherine essaya de parler, mais ses pleurs l’en empêchèrent.

« Allons ! petite fille, dit Nicolas ; quoi donc ! Catherine, du courage, ma sœur. Je crois savoir ce que vous voulez me dire. Vous voulez me parler de M. Frank, n’est-ce pas ? »

Catherine pencha la tête sur l’épaule de son frère, et lui dit en sanglotant : « Oui.

— Et peut-être que, depuis mon départ, il vous a offert sa main, n’est-ce pas ? oui ?… C’est bon, c’est bon ; vous voyez bien qu’il n’est pas si difficile de me dire tout. Il vous a offert sa main ?

— Oui, et je l’ai refusée.

— Oui ? et puis ?

— Je lui ai dit, ajouta-t-elle d’une voix tremblante, tout ce que, depuis, ma mère m’a confié que vous lui aviez dit à elle-même, et pourtant, je n’ai pu lui cacher, pas plus qu’à vous, que c’était un grand chagrin, une triste épreuve pour moi ; mais c’est égal, je l’ai fait avec fermeté, et l’ai prié de ne plus me revoir.

— Je reconnais là ma brave Catherine, dit Nicolas en la pressant sur son cœur ; j’étais bien sûr que vous le feriez.

— Il a essayé d’ébranler ma résolution, en me déclarant que, malgré ma décision, non-seulement il informerait ses oncles du parti qu’il avait pris, mais qu’il en parlerait aussi dès que vous seriez de retour. J’ai peur, ajouta-t-elle d’un air moins ferme, j’ai peur de ne lui avoir pas assez montré combien j’étais touchée d’un amour si désintéressé, et la sincérité de mes souhaits pour son bonheur à venir. Si vous venez à en causer avec lui, vous me feriez bien plaisir de le lui faire savoir.

— Et vous avez pu supposer, Catherine, quand vous avez cru devoir faire ce sacrifice au devoir et à l’honneur, que je serais moins courageux que vous ? lui dit Nicolas avec tendresse.

— Oh ! non ! non ! mais votre position n’est pas la même, et…

— Elle est tout à fait la même, reprit Nicolas en l’interrompant ; Madeleine n’est pas, il est vrai, la proche parente de nos bienfaiteurs, mais elle leur appartient par des liens qui ne sont